Retrouvez ci-dessous les points clef de l'intervention de Philippe Setbon, directeur général d'Ostrum AM, lors de l'événement Time to Change organisé par Option Finance.
Le temps du climat, celui des projections scientifiques est un temps long : 2030, 2050. Celui de l’ambition européenne – atteindre la neutralité carbone d’ici un quart de siècle - s’inscrit dans cette même trajectoire. Pourtant, le mur climatique est déjà devant nous et l’urgence d’une action immédiate ne fait plus débat.
Finalement, si nous nous projetons dans 10 ans, qui est le temps dont les entreprises ont besoin pour réaliser leur transition en matière de climat, de biodiversité, leur transition digitale, que voulons-nous avoir réussi ?
Flécher les capacités de financement vers le verdissement du tissu industriel Européen doit être notre moteur.
Pour y parvenir, nous avons cinq défis à relever :
Le premier, est celui de l’action collective. Nous sommes tous, Pouvoirs Publics, régulateurs, émetteurs, ONG, investisseurs, entreprises, les acteurs de ce changement.
Le second, est de faire du changement climatique notre priorité.
Selon le rapport du GIEC, publié le 28 février dernier, « 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des contextes hautement vulnérables au changement climatique ». Près de la moitié de l’humanité. Et d’après le Word Economic Forum, 50% du PIB mondial est directement dépendant de la nature. Outre les questions éthiques que la question climatique soulève, c’est bien de la pérennité de nos économies dont il est question, avec un impact financier évident.
Notre 3ème défi est celui de l’orientation des flux financiers.
La finance, c’est la sève qui coule sous l’écorce. Donnons-nous les moyens d’irriguer les branches de l’économie les plus porteuses et mettons un tuteur sur celles qui ont besoin d’être accompagnées. C’est précisément le sens du cadre d’engagement que nous avons déployé chez Ostrum Asset Management, en tant qu’actionnaire mais aussi comme porteurs de dettes.
Le 4ème défi qui se présente à nous, c’est l’accès à une donnée extra-financière de qualité. La donnée est un prérequis pour intervenir efficacement sur le climat ou la biodiversité. Elle est la condition pour que les investisseurs puissent réaliser pleinement leur évaluation de la qualité des stratégies de décarbonation des entreprises et leur travail de sélection des meilleurs projets économiques. Nous devons la puiser à la source, auprès des émetteurs et en disposer gratuitement. C’est la clé pour encourager le dialogue et l’engagement.
Enfin, le dernier défi que nous devons relever, c’est de coconstruire la norme qui déterminera notre cadre d’exercice demain. Il nous faut encourager le dialogue entre les sphères privées et publiques et travailler, ensemble, en amont, à la structuration du cadre normatif encore en gestation qui entoure la finance durable. C’est en adoptant cette démarche pro-active et concertée que nous créerons de la valeur durable pour nos économies. Plus généralement, cette approche permettra à la place de Paris de rayonner à l’échelle internationale et contribuera au développement des sociétés de gestion françaises.
En tant que gestionnaires d’actifs, si nous voulons préserver notre capacité à orienter l’épargne vers le verdissement du tissu économique européen, nous devons conserver la souveraineté sur la donnée et sur la norme. C’est notre « or vert ».