Le recours aux statistiques avancées permet d’accroître les performances, sportive comme financière, tout en gérant mieux son risque.
Dieudonné Djimi, gérant senior taux souverains total return, et Charles Dagman, analyste quantitatif senior chez Ostrum Asset Management
Pour préparer les Jeux olympiques comme pour toute compétition de haut niveau, sportifs et entraîneurs disposent d’alliées inattendues pour améliorer leurs performances : les statistiques.
La collecte sur longue période de données détaillées sur chacune des compétitions offre aux coachs bien d’autres possibilités que l’évaluation a posteriori des performances de leurs champions. L’analyse de ces données enrichit le processus de prise de décision en amont des matchs et contribue ainsi aux performances futures.
Au basket, par exemple, le recueil des données des matchs passés – à domicile ou à l’extérieur/points marqués/lancers francs, paniers à deux points, à trois points/rebonds, interceptions, passes décisives, contres, paniers ratés, ballons perdus – permet de fournir aux entraîneurs pour la préparation des matchs des « statistiques conditionnelles », qui les renseignent sur la meilleure stratégie à adopter dans un contexte donné (lire l’encadré).
En matière de gestion d’actifs, la meilleure performance potentielle résultera de l’intégration des contraintes du client, qu’elles soient réglementaires, fiscales ou ESG [environnement, social, gouvernance], ainsi que de l’analyse rigoureuse des risques et, enfin, de l’identification des opportunités, nourries par une analyse fondamentale et quantitative des données du marché.
De précieux outils
Jean-Luc Monschau, entraîneur de basket en Pro A, décrit ainsi la contribution du quantitatif : « Quand je prépare un match, je suis face à un exercice de probabilités. Dans quelle position marquons-nous le plus souvent face à un adversaire qui défend comme ceci ou comme cela ? C’est à moi, ensuite, d’influencer le scénario du match pour qu’il épouse les qualités de mon équipe. Les statistiques ont modifié ma manière d’entraîner. »(1)
De son côté, Amandine Buchard, championne d’Europe de judo, vice championne olympique en individuel et quadruple médaillée mondiale(2), explique l’intérêt du quantitatif par sa capacité à rationaliser les situations et à optimiser sa propre lecture de sa performance : « Le suivi et l’analyse de ces indicateurs sont hyper intéressants. Un jour, en montant des côtes en courant, je peux trouver l’exercice vraiment difficile ; puis, en regardant mes courbes cardio, me rendre compte que je n’étais pas dans le rouge. Je n’avais pas franchi mes limites physiologiques, comme je le croyais, mais je commençais à atteindre mes limites psychologiques. »
Le monde du sport de haut niveau fait donc une vraie place aux statistiques. L’Insep(3) – centre d’entraînement olympique et paralympique de référence du sport français – s’est ainsi doté de sa propre équipe d’analystes quantitatifs (les data scientists), dont l’une des missions est de contribuer à l’amélioration de la performance.
Un même objectif en gestion d’actifs
La collaboration entre analystes quantitatifs et équipes de gestion active poursuit le même objectif : à partir d’une analyse fine et objective des résultats passés, accroître la performance potentielle tout en pilotant le risque.
Ainsi l’équipe quantitative d’Ostrum AM collecte-t-elle, depuis plus de dix ans, un faisceau de données quantitatives sur une dizaine de portefeuilles modèles couvrant l’ensemble des classes d’actifs obligataires.
Le suivi de leur performance sur différentes périodes (jour/semaine/mois) permet de définir les taux de réussite (performance positive au-dessus de l’indice et surperformance moyenne) et la contribution en termes d’alpha et de risque de chacune des stratégies dans un contexte donné et selon la vue adoptée par les gérants(4).
L’analyse de ces données apporte ainsi aux gérants, et, au final, à leurs clients, comme aux entraîneurs et aux sportifs, une aide dans la prise de décision. Cette aide provient d’une connaissance des points forts de l’équipe, sur longue période, dans les situations offensives (marchés à la hausse) comme dans des contextes moins favorables (marchés baissiers).
Des statistiques pour tout savoir
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Régulièrement analysées dans les différents comités d’investissement, les statistiques avancées permettent d’affiner la construction des portefeuilles et d’exploiter activement l’enveloppe du risque ; pour ajuster le poids du risque accordé à chaque stratégie afin d’augmenter l’espérance globale de performance dans un contexte donné.
Au total, en intégrant de manière cohérente des données variées, et en fournissant des conclusions exemptes des biais comportementaux induits par le cerveau humain, l’analyse quantitative permet d’identifier objectivement les compétences spécifiques sur lesquelles miser en priorité dans un contexte particulier. Un apport précieux pour le gérant d’actifs comme pour le sportif, qui visent des performances de haut niveau.
(Source AGEFI Patrimoine – 14 septembre 2023)
(1) Source : « Les statistiques influencent les coachs de basket », le journal du Centre, www.lejdc.fr, décembre 2020.
(2) Ostrum AM accompagne Amandine Buchard dans le cadre du Partenariat Premium de Natixis Investment Managers en faveur des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
(3) Insep : Institut national du sport, de l’expertise et de la performance.
(4) Une vue est une anticipation de variation d’un facteur, d’une certaine amplitude, à un horizon donné, telle que, par exemple, « le mois prochain, le taux actuariel des obligations à 10 ans de l’Etat allemand monte de 0,5 % ».