Taxe carbone et innovations
Le respect des objectifs de l'Accord de Paris passe par la prise de conscience des efforts à faire et des changements à adopter pour se caler sur la bonne trajectoire. Après le rapport du GIEC, on a peut-être la perception que cette urgence a intégré les esprits.
Mais cette première étape, si elle est nécessaire, n'est pas suffisante. Il faut mettre en œuvre des instruments qui inciteront à changer, mais qui, aussi, créeront les opportunités pour être sur le bon profil.
La première arme sera la mise en place de la taxe carbone de façon renforcée en Europe à partir de 2025. Il faut faire payer celui qui émet des Gaz à Effet de Serre. Chaque émetteur paiera en fonction de ses émissions. L'incitation est d'obliger l'émetteur à modifier sa source d'énergie pour que celle-ci émette moins ou soit renouvelable. L'interrogation porte sur la capacité de cette taxe à créer la rupture nécessaire pour se caler sur la trajectoire compatible avec la neutralité carbone.
Il faut aller plus loin. Les innovations permettront de réduire encore davantage le coût des énergies renouvelables et de réduire les émissions sur les process existants. Mais les innovations doivent aller encore plus loin, car l'objectif est de capturer du carbone. Car le respect des objectifs de l'accord de Paris impose de changer en profondeur le mix énergétique, mais aussi d'absorber du carbone. C'est sur ce point que les efforts doivent porter en disposant d'outils industriels allant au-delà des forêts et des océans. C'est pour cela qu'il faut mettre des moyens considérables et profiter des taux d'intérêt très bas.
Intégrer les enjeux de biodiversité et de droits humains à la gestion d’actifs
Le changement climatique peut mettre en péril les communautés et l'habitat naturel. En notre qualité de gestionnaire d’actifs, il est de notre responsabilité d’accompagner et de favoriser les entreprises instaurant des stratégies d’adaptation, notamment autour des problématiques de droits humains et de biodiversité.
Chez Ostrum, nous avons mis en place plusieurs initiatives qui nous permettent d’intégrer ces enjeux à la Gestion, grâce à des indicateurs précis, à l’analyse des émetteurs, au dialogue avec ces derniers et, si nécessaire, à l’exclusion. Les problé-matiques de droits humains et de biodi-versité sont systématiquement intégrées à l’analyse qualitative des émetteurs. Elles se retrouvent également dans différents indicateurs composant le modèle d’évalu-ation ESG utilisé par Ostrum et dans les indicateurs requis par la réglementation SFDR pour justifier de la prise en compte des principales incidences négatives des investissements. Nous entretenons un dia-logue constant avec les émetteurs. Nous avons identifié des axes d’engagement ESG communs aux gestions actions et obligataire. Les axes « garantir les droits humains dans les chaînes d’approvi-sionnement » et « préserver la santé et la biodiversité » sont régulièrement discutés avec les entreprises, afin de faire évoluer leurs pratiques.
Dans le cas où l’engagement ne suffit pas, nous nous sommes engagés à exclure de nos investissements les émetteurs pour lesquels sont avérées des controverses sévères aux principes défendus par les standards internationaux, portant grave-ment atteinte aux droits de l’homme, à l’éthique des affaires et à la préservation de l’environnement et de la biodiversité.
Au delà du risque climat…
Le changement climatique engendre des risques certains à long terme pour la planète et pour l’ensemble des agents économiques. La mesure de la durabilité des portefeuilles est primordiale et la construction de portefeuille doit à présent intégrer l’objectif de réaliser des investis-sements alignés avec un monde à +1,5 degrés. C’est la raison pour laquelle nous regardons aujourd’hui l’empreinte carbone des portefeuilles qui permet de mesurer l’effort de décarbonation, ainsi que la trajectoire d’alignement climatique des portefeuilles.
Pour aller au-delà et maximiser nos efforts d’adaptation, nous intégrons à notre processus d’investissement obli-gataire l’analyse des territoires à travers, notamment, la préservation du capital naturel et la valorisation du capital humain. L’allocation de classe d’actifs aide déjà à financer largement les énergies renouvelables, à travers l’expo-sition à certains secteurs. Parvenir à mesurer les éléments qui peuvent entraîner une perte de biodiversité à l’échelle d’un portefeuille est plus complexe que la mesure carbone.
Malgré cela nous identifions des niches d’investissements, certes encore trop peu nombreuses, en sélectionnant par exemple des émissions obligataires dont les projets visent à la protection et la restauration des écosystèmes, la préser-vation des sols agricoles pour une agriculture durable, la protection des forêts. Enfin nous sélectionnons des entre-prises qui apportent une réponse sociale à la transition énergétique, par exemple par le biais de la gestion du capital humain. Nous sommes convaincus que l’intégration d’une dimension sociale et territoriale dans nos investissements a un rôle déterminant pour la réalisation d’une transition juste.