Le rebond plus fort qu’attendu du PIB français au 2e trimestre est à relativiser : + 0,5 %, après une contraction de 0,2 % au premier trimestre et une hausse attendue par le consensus de 0,2 %.
La demande interne a une contribution nulle à la croissance, après avoir eu une contribution négative au premier trimestre. Cela résulte du recul pour le 2e trimestre consécutif de la consommation des ménages (- 0,2 % après - 1,3 %).
Cela traduit l’impact des pertes de pouvoir d’achat liées à la forte accélération de l’inflation. Dans le détail, la consommation de biens diminue pour le 2e trimestre consécutif et celle des services rebondit, tirée par le secteur du tourisme et de la restauration, suite à la levée des mesures de restrictions sanitaires qui avaient été temporairement durcies.
Les dépenses publiques se contractent : - 0,2 % après être restées stables au premier trimestre.
Le seul élément positif vient de la robustesse de l’investissement qui progresse pour le 2e trimestre consécutif de 0,5 %. Cela doit provenir notamment de NextGenerationEU, le gouvernement s’étant engagé à réaliser des investissements dans la transition énergétique et le numérique pour bénéficier des subventions de l’Union européenne.
La croissance vient surtout du commerce extérieur, contribution de 0,4 point de pourcentage (pp). Cela traduit une hausse des exportations, profitant notamment du rebond du tourisme, et une baisse des importations consécutive au recul de la consommation. L’INSEE note une baisse des dépenses des touristes français à l’étranger pour le 2e trimestre consécutif.
Pour finir, les stocks ont une contribution positive de 0,1 pp après + 0,2 pp.
L’acquis de croissance pour 2022 ressort à 2,5 %.
En bref, le recul pour le 2e trimestre consécutif de la consommation des ménages relativise nettement ce rebond plus fort qu’attendu du PIB français. L’effondrement de la confiance des ménages en juillet, à un niveau proche du plus bas historique atteint en mai 2013, génère des craintes sur les perspectives de croissance. Ils anticipent une forte dégradation de leur niveau de vie, liée aux pertes de pouvoir d’achat consécutives à la forte accélération de l’inflation (6,1 % en juillet). Ces craintes deviennent plus prégnantes avec la forte hausse du prix du gaz naturel consécutive à la nette réduction des approvisionnements russes et la menace d’un arrêt total à l’approche de l’hiver. Les ménages français vont devenir encore plus prudents.