Les commentaires rassurants publiés depuis ce matin après la publication de l’enquête mensuelle de l’INSEE n’ont pas lieu d’être, compte tenu du fort recul de l’indice du climat des affaires dans le commerce de détail et d’automobiles et de la nette baisse des perspectives de demande dans l’industrie manufacturière. Les ménages subissent une importante baisse de leur pouvoir d’achat liée à la nette accélération de l’inflation et l’activité des chefs d’entreprises est limitée par de fortes perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, consécutives aux conséquences du conflit en Ukraine et au confinement strict adopté dans certaines grandes villes chinoises. À cela s’ajoute la nette progression de leurs coûts de production liée à la forte hausse des prix énergétiques et de certains métaux. Cette détérioration des perspectives d’activité contraste avec la bonne tenue du marché action qui ne prend toujours pas en compte les risques pesant sur la croissance.
Nette détérioration de l’indice du climat des affaires dans le commerce de détail et d’automobiles pour le deuxième mois consécutif
À première vue seulement, l’enquête mensuelle de l’INSEE sortie ce matin apparaît rassurante, puisque l’indice du climat des affaires est ressorti meilleur qu’attendu en avril. Il s’est établi à 106, contre 105 anticipé par le consensus, soit en léger retrait par rapport au mois de mars (107). C’est la courbe rose sur le graphique. Il reste supérieur à sa moyenne de longue période (100), révélant ainsi une légère modération de l’activité. Le détail de l’enquête est beaucoup plus inquiétant, puisqu’il montre une nette détérioration du climat des affaires dans le commerce de détail et d’automobiles (courbe bleu ciel). L’indice synthétique perd 6 points sur le mois, après 8 points sur le mois de mars, pour s’établir à 93,4, soit nettement en dessous de sa moyenne de longue période (100 sur le graphique).
La quasi-totalité des sous-indices du secteur du commerce de détail et d’automobiles baisse pour s’inscrire sous leur moyenne de longue période, à l’exception des anticipations de prix et de l’incertitude économique ressentie. Les composantes ayant le plus reculé sont celles relatives aux intentions de commandes et aux perspectives générales d’activité. Les chefs d’entreprises du secteur signalent une nette baisse de leurs ventes passées et une nouvelle dégradation des perspectives de ventes.
Cela résulte des pertes de pouvoir d’achat subies par les ménages, du fait de la forte accélération de l’inflation. L’indice de confiance des ménages français s’est nettement dégradé en mars, en raison du plongeon des perspectives d’évolution du niveau de vie.
Forte dégradation des perspectives de demande dans l’industrie manufacturière
L’enquête trimestrielle de l’INSEE révèle en outre une nette dégradation des perspectives de demande du secteur manufacturier tant globale…
… qu’étrangère. Celles-ci repassent sous leur moyenne de longue période.
La part des entreprises indiquant que leur production est limitée par des difficultés d’offre repart nettement à la hausse pour atteindre un plus haut historique (50 %). Cela traduit les difficultés d’approvisionnement qui ont fortement rebondi,suite aux perturbations liées au conflit en Ukraine et aux mesures de confinement strictes prises dans de grandes villes chinoises.
Ces perturbations, associées à la forte hausse des prix énergétiques, pèsent davantage sur les prix de vente actuels et les anticipations de prix des chefs d’entreprises. Ils atteignent de nouveaux plus hauts historiques.
Les difficultés de recrutement se stabilisent à un niveau historiquement élevé.
Dans ce contexte, les perspectives générales d’évolution des salaires progressent pour le cinquième mois consécutif, pour s’établir à un niveau nettement supérieur à leur moyenne de longue période.