Depuis deux ans, l’ambition de Xi Jinping est de doubler le PIB de la Chine par tête d’ici 2035.
Pour y arriver, la croissance du PIB chinois doit être de 5 % sur les 13 prochaines années.
L’idéologie de Xi Jinping risque de remettre en cause le développement de la Chine.
Or, l’objectif de croissance de 5 % de cette année ne sera vraisemblablement pas atteint à cause de la politique « zéro-Covid » qui pénalise fortement l’activité. Le président chinois n’a pas infléchi d’un iota sa position sur sa politique « zéro-Covid » détériorant les perspectives de croissance du pays. Son obstination risque de remettre sérieusement en cause le développement économique du pays.
La croissance chinoise ne ralentit pas seulement : l’économie chinoise vacille.
Les prévisions du consensus Bloomberg, ainsi que celles des institutions financières internationales sont plutôt vers une croissance plus proche de 3 % cette année que 5 %, et autour de 4 % pour 2023. Autrement dit, loin des 5 % nécessaires pour atteindre l’objectif ambitieux de Xi Jinping. La croissance chinoise ralentit depuis 2015. Entre 2015 et 2019, elle était en moyenne de 6,7 % : depuis 2020, celle-ci est de 4,5 %.
La société chinoise vieillit rapidement. La part de la population active en âge de travailler a diminué de manière continue depuis 2012, pour représenter 68,3 % de la population chinoise en 2021, alors que celle des plus de 65 ans a significativement augmenté à 14,2 %.
La Chine devient donc âgée, alors que son revenu est encore relativement faible.
Depuis 2012, date de l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, le ratio PIB Chine-PIB États-Unis est passé de 12 % à 18 %.
Cependant, la Chine est toujours classée dans les pays dits « à revenu intermédiaire », avec un PIB par tête de 12 556 dollars en 2021, proche des 13 205 dollars, seuil qui caractérise les pays dits « riches ». Selon les estimations des Nations Unies, la population chinoise va atteindre son pic historique en 2023, puis va diminuer progressivement jusqu’à être réduite de moitié en 2100. D’ici 2050, le tiers de la population chinoise sera âgé de plus de 60 ans.
« La Chine pourrait donc être pauvre avant d’être riche ».
Jamais un pays auparavant n’avait été touché par le vieillissement de sa population à un stade aussi avancé de son développement économique. Cela pourrait remettre sérieusement en question le statut et l'ascension en tant que grande puissance mondiale de la Chine. Le Japon a été touché pendant plus de 20 ans de stagnation au début des années 90 et la Chine risque de suivre la même trajectoire au cours des prochaines années.
La détérioration et l’incertitude forte sur les perspectives de croissance chinoises ont ravivé les craintes sur la capacité de la Chine à sortir du piège de « revenu intermédiaire ».
Ce terme désigne généralement des pays qui ont connu une croissance rapide, atteignant rapidement le statut d’économie à revenu intermédiaire, mais qui n’ont pas réussi à surpasser cette fourchette de revenus pour rattraper davantage les pays développés et atteindre le statut d’économie à revenu élevé. Ce blocage s’accompagne aussi d’un ralentissement de la croissance.
La Chine est engagée dans une course contre la montre afin d’échapper au piège du « revenu intermédiaire ».
Pour éviter de tomber dans un piège à revenu intermédiaire, les pays doivent donc s'attaquer rapidement à sa cause structurelle et trouver de nouveaux moyens pour stimuler la productivité. Les principales sources d'augmentation de la productivité sont le passage à des services de grande valeur ajoutée et la promotion de l'innovation locale, plutôt que de continuer à s'appuyer sur l'imitation de technologie étrangère.
Xi Jinping mise effectivement tout sur la technologie pour résoudre les problèmes structurels de la Chine, comme il l’a réitéré dans son discours d’ouverture du 20e Congrès du Parti Communiste chinois.
Or, seulement 34 % de la population active chinoise a un niveau élevé d’éducation, alors que ce ratio est de l’ordre de 82 % ailleurs. Cela s’explique par des fortes inégalités de revenus entre la population urbaine et rurale qui bloquent l’accès à l’éducation et aux études supérieures de millions de jeunes chinois. L’urbanisation permet de pallier cette perte de capital humain, mais ne suffit pas.
Le taux de chômage des jeunes a atteint un niveau historique à plus de 20 %, conséquence de la politique « zéro-Covid ». Le régime chinois ne représente pas la même chose pour les jeunes ou les personnes âgées. Pour la personne âgée, le Parti Communiste chinois c’est le développement. Pour les jeunes, c’est la censure, la stagnation économique, la hausse d’impôts. La politique « zéro-Covid » est de plus en plus contestée en interne et les jeunes se posent une question : N’y a-t-il pas une alternative ?