L’enquête PMI-Markit signale un net ralentissement de la croissance de la zone euro au mois de juin. L’indice composite a nettement baissé pour s’établir à 51,9 contre 54,8 en mai. Il reste certes supérieur à 50, révélant une progression de l’activité, mais au rythme le plus faible depuis février 2021.
La nette détérioration de l’enquête PMI-Markit accroît le risque de récession en zone euro.
Le détail par secteur montre que l’activité dans le secteur manufacturier se contracte pour la 1re fois depuis 2 ans. L’indice de production est inférieur à 50 : 49,3 en juin contre 51,3 en mai. Dans le secteur des services, l’activité ralentit pour le 2e mois consécutif, et de manière importante (indice de 52,8 contre 56,1 en mai). L’indice synthétique du secteur manufacturier, prenant en compte 5 composantes (dont la production, les nouvelles commandes, les délais de livraisons, l’emploi et les stocks) a reculé, pour s’établir à 52 contre 54,4.
Le détail des composantes révèle une stagnation de la demande : la composante nouvelles commandes est à 50 (contre 53,3 en mai). Elles se contractent fortement dans le secteur manufacturier (44,7, plus forte baisse depuis mai 2020, lors du 1er confinement) et ralentissent nettement dans les services (51,9 contre 55). Cela est lié à la forte accélération de l’inflation, qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et se traduit par une forte détérioration de leur confiance. La confiance des ménages du mois de juin est sortie hier et s’est inscrite, une nouvelle fois, en baisse pour atteindre le plus bas depuis février 2013, lors de la dernière récession. Cela a mis brusquement un terme à l’effet de rattrapage de la demande dans le secteur des services qui était à l’œuvre après les périodes successives de confinement. L’activité dans les secteurs du tourisme et des loisirs a quasiment stagné en juin après des hausses records en avril et mai, selon Markit.
Les nouvelles commandes étrangères accentuent leur contraction : indice inférieur à 50 : 46,6 en juin, le plus bas depuis juin 2020, lors du 1er confinement. Elles accentuent leur baisse dans le secteur manufacturier et stagnent dans celui des services. Cela traduit une moindre demande en provenance de l’extérieur, et notamment de la Chine dont l’économie ralentit nettement suite aux confinements qui ont été adoptés.
Le ratio nouvelles commandes sur stocks, qui est un bon indicateur de l’évolution à venir de la production, s’est nettement dégradé pour devenir très inférieur à 1 (0,87 en juin contre 0,98 en mai). Les stocks ont augmenté en juin. Ce n’est clairement pas un bon signal pour l’activité dans les prochains mois, celle-ci devant accentuer sa contraction.
Les délais de livraison s’améliorent en juin pour rester importants (l’échelle est inversée sur le graphique) et reflètent la persistance de tensions dans les chaînes d’approvisionnement, suite aux confinements en Chine et à la guerre en Ukraine.
Les moindres délais de livraison résultent également de la stagnation des achats d’intrants de la part des chefs d’entreprises, en raison des stocks d’intrants préalablement constitués et d’une plus faible demande.
Les tensions sur les prix payés par les chefs d’entreprises aux fournisseurs et sur les prix facturés ont tendance à se modérer légèrement pour rester sur des niveaux historiquement élevés.
Face à la stagnation de la demande et à la baisse des perspectives d’activité, la composante emploi s’est modérée en juin (53,9 contre 55,9) pour rester à un niveau robuste.
Le fort ralentissement de la croissance, du fait de la moindre demande concerne l’ensemble des pays.
Les perspectives d’activité se dégradent dans tous les pays en juin, à un plus bas depuis octobre 2020, et se situent à un plus bas niveau en Allemagne. Cette dernière fait partie des pays les plus exposés aux conséquences du conflit en Ukraine, compte tenu de sa forte dépendance à l’énergie russe. Elle subit, par ailleurs, de manière plus importante les conséquences du ralentissement de l’économie chinoise, compte tenu de l’importance des échanges avec celle-ci.
La demande est affectée par les pertes de pouvoir d’achat subies par les ménages, du fait de la forte accélération de l’inflation, mais aussi par le resserrement des conditions financières à l’œuvre.
Conclusion :
Cette enquête révèle un net ralentissement de la croissance de la zone euro en juin et présage une plus forte dégradation au cours des prochains mois, en raison de la nette baisse du ratio nouvelles commandes sur stocks. La demande est affectée par les pertes de pouvoir d’achat subies par les ménages, du fait de la forte accélération de l’inflation, mais aussi par le resserrement des conditions financières à l’œuvre. À cela s’ajoutent les craintes liées au net recul des approvisionnements en gaz naturel russe. Cela va peser davantage sur les prix de l’énergie, et donc l’inflation et réduire d’autant le pouvoir d’achat des ménages, ce qui sera une source supplémentaire de réduction de la demande adressée aux chefs d’entreprises. L’indice PMI-Markit devrait donc se détériorer au cours des prochains mois, ce qui accentue significativement le risque de récession et devrait peser davantage sur les marchés boursiers, comme le laisse présager le graphique suivant.