Le marché européen a encore du potentiel

En cette fin d’année 2024, le marché High Yield européen surperforme une fois de plus l’Investment Grade. Avec environ +8% de performance à date, un rendement actuariel de 5.5%, une relative stabilité des taux de défaut et des facteurs techniques supportifs, le High Yield européen devrait rester le « sweet spot » du marché obligataire européen en 2025.

Notre sentiment est que le marché du High Yield européen devrait rester porté par la trajectoire des taux obligataires en Europe. Les taux monétaires étant orientés à la baisse, il pourrait y avoir un effet d’éviction vers la classe d’actif crédit, en particulier sur le marché du High Yield européen. En corollaire, les segments de la dette subordonnée, en particulier AT1 sur la partie financière ainsi que les obligations Hybrides sur la partie entreprise, pourraient bénéficier de ces réallocations.

Les spreads de crédit de la classe d’actifs nous semblent d’ailleurs plutôt bon marché quand on les compare à leurs homologues américains, mais un peu serrés en comparaison à leur moyenne historique à 5 ans. Malgré un resserrement de spreads observé ces derniers mois, les rendements offerts par la classe d’actifs restent historiquement élevés et devraient continuer à attirer des flux de collecte (11 mois de collecte positive sur les 12 derniers mois) ayant pour effet de soutenir la classe d’actif. Même en intégrant un écartement de spread jusqu’à 50 bp, les performances du High Yield européen seront supérieures  à celles du marché crédit Investment Grade.

Par ailleurs, certains émetteurs du marché High Yield européen affichent des spreads de crédit qui reflètent déjà des dégradations économiques très fortes, comme c’est le cas pour le secteur automobile par exemple.

Enfin, dans un scénario moins probable et qui verrait les thématiques de guerre commerciale ou de géopolitique s’améliorer, le risque High Yield en serait le principal bénéficiaire au sein du marché obligataire européen, et devraient continuer à surperformer la classe d’actif obligataire. 

  • Philippe Berthelot

    Philippe Berthelot

    Directeur Gestion Crédit & Monétaire

Émetteurs High Yield : la résilience des fondamentaux

Les bénéfices des groupes High Yield européens ont fait preuve de résistance, répondant aux attentes jusqu'au second semestre. Toutefois, cette période a été marquée par des avertissements sur bénéfices soudains, en particulier dans le secteur automobile, mettant en évidence une évolution rapide de la dynamique de la demande. Ces révisions à la baisse ont fait suite à une période de bons résultats tirés par la reprise post pandémie et par la capacité des entreprises à gérer la hausse des coûts des matières premières et de l'énergie dans un contexte d'inflation.

À l'avenir, la baisse de l'inflation et l'assouplissement des politiques monétaires devraient soutenir les performances opérationnelles, même dans un contexte économique difficile. Néanmoins, les perspectives de croissance mondiale mitigées et les risques géopolitiques pourraient entraver l'amélioration significative des performances sectorielles. Les secteurs liés aux dépenses discrétionnaires, confrontés à la concurrence chinoise, et au sein de l'industrie automobile européenne devraient être les plus touchés, même si leurs modèles économiques fondamentaux devraient rester viables.

Ces dernières années, de nombreuses entreprises ont réussi à allonger leur profil d'échéance de leur dette, obtenant souvent des conditions plus favorables grâce à l'amélioration de la santé financière, y compris la réduction de l'endettement. Le nombre d'émetteurs en difficulté a diminué tout au long de 2024, avec peu de restructurations de dette inférieures au pair. Par conséquent, les taux de défaut des groupes High Yield devraient rester bien inférieurs aux moyennes historiques en 2025.

En outre, les informations extra-financières se sont nettement améliorées. Les émetteurs d'obligations privées du secteur du haut rendement définissent de plus en plus leurs stratégies ESG et fixent des objectifs de décarbonation, renforçant ainsi la transparence pour les investisseurs.

  • Corinne Gaborieau

    Corinne Gaborieau

    Responsable Recherche Crédit High Yield

Une réalité nuancée selon les segments

Cette fin d'année 2024 offre encore des poches de performances  intéressantes sur le marché européen de la dette à haut rendement.

Si certains indicateurs de marché affichent des niveaux de valorisation assez serrés, ils cachent en une réalité beaucoup plus nuancée. Il existe une forte dispersion en termes de valorisation à l'intérieur des différents segments, que ce soit les BB’s, les B’s, les AT1’s, ou encore les Hybrides, qui sont les classes d'actifs « core » du High Yield européen.

La disruption industrielle et/ou technologique en œuvre dans certains secteurs a fait émerger de nombreuses opportunités d'investissement.  L'exposition à ces valeurs/sous-secteurs seront les moteurs de la génération d'alpha dans les prochains mois.

En parallèle, il existe une multitude « d’histoires de crédit », à l'échelle des émetteurs qui permettent, en s'appuyant sur une sélection rigoureuse et robuste, d’extraire des niveaux de spreads intéressants.

Sur la dette à Haut Bêta, notamment Hybrides et AT1’s, nous sommes structurellement "longs", dans un contexte généralisé de taux en baisse. Nous travaillons sur différents scénarios pour construire et piloter l'allocation. Par exemple, sur le segment des AT1s, l'un des thèmes principaux reste la concentration dans le secteur bancaire européen, et le risque « pays core » avec son potentiel repricing.

Nous anticipons un contexte pour le High Yield européen qui devrait rester positif, notamment soutenu par un facteur technique fort. Certains émetteurs offrent des opportunités qui nous semblent intéressantes en termes de couple rendement / risque, notamment sur le segment des subordonnées.

La sélection sectorielle et le « stock picking » sera encore une fois l’un des thèmes pour 2025.

  • Julien Petit

    Julien Petit

    Gérant High Yield

Le marché du high yield européen: le « sweet spot » de l’obligataire ?

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